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Angela Merkel en visite civilo-militaire au Niger

Merkel au Niger

La chancelière allemande effectue actuellement une tournée en Afrique. Le 9 octobre, elle était au Mali ; elle s’est rendue le lendemain au Niger. Dans la capitale de ce pays, Niamey, elle a annoncé que la République fédérale allait débloquer des fonds : 17 millions d’euros pour le « développement », notamment dans la région d’Agadez ; et 10 millions pour des équipements militaires.

Angela Merkel, à l’instar du discours en vogue à Bruxelles, lie désormais « aide au développement » et investissement militaire. Au début du mois, l’ambassadeur d’Allemagne avait annoncé la construction d’une base au Niger, qui pourra abriter soldats, matériels et équipements – officiellement en appui de la mission de l’ONU sur place (Minusma).

Mme Merkel a également confirmé que son pays participait activement à l’opération de l’UE baptisée Eucap destinée à entrainer la police nigérienne.

Naturellement, la justification affichée de cette « projection » européenne est la lutte pour la sécurité et contre les djihadistes, qui évoluent notamment entre Mali et Niger. Le 6 octobre encore, une vingtaine de soldats nigériens avaient été tués par une attaque de ces bandes armées, qui agissent entre islamisme et trafics en tous genres. Notamment depuis que les Occidentaux ont provoqué la chute de Mouammar Kadhafi.

La chancelière a également martelé que le développement et notamment l’éducation sont cruciaux pour freiner les mouvements migratoires. Entre 80 000 et 120 000 personnes ont transité par le Niger depuis le début de l’année.

Reste que tout cela s’inscrit dans un contexte où Paris et Berlin comptent faire progresser l’« Europe de la Défense » (cf. Ruptures du 26/09/16) et  prendre des initiatives communes si certains des Vingt-huit trainent les pieds.

Les dirigeants français entendent garder la primauté en matière militaire – surtout en Afrique – mais voudraient bien partager un peu plus le « fardeau financier ». Quant à leurs collègues allemands, ils ne sont pas fâchés d’investir plus avant ce terrain, où ils se sont jusqu’à présent peu déployés. Certes, la préoccupation de freiner la vague migratoire – qui a touché l’Allemagne en 2015 bien plus amplement que le mouvement initialement souhaité – est réelle.

Mais on peut aussi rappeler que l’Afrique est très riche en matières premières qui intéressent l’industrie, allemande en particulier. Le Niger est par exemple un important producteur d’uranium. Il y a une dizaine d’années déjà, un discret document du patronat allemand mettait en lumière ces enjeux.

Du reste, la France, mais aussi les Etats-Unis, disposent déjà de bases militaires au Niger. Washington construit d’ailleurs actuellement une nouvelle base de drones à Agadez, là où la chancelière compte investir dans le développement. Drone de coïncidence.

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