Antony Blair souffre sans doute d’être un peu oublié. Il a donc décidé de réapparaître dans le débat public. Le 17 février, il était l’invité du groupe de pression Open Britain, où se retrouvent les nostalgiques de l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. Parlant dans les locaux de l’agence de presse financière Bloomberg, l’ancien Premier ministre travailliste n’a pas hésité à faire une martiale déclaration.
« Ce n’est pas le moment de reculer, de laisser s’installer l’indifférence ou le désespoir. Il est temps de combattre pour défendre ce en quoi nous croyons », a martelé l’ancien Premier ministre. Et ce en quoi croit M. Blair, de même probablement que ses auditeurs, c’est à l’avenir glorieux de l’UE, et à la place de la Grande-Bretagne en son sein. « Il faut construire un mouvement fédérateur » a clamé l’orateur, annonçant le lancement un prochain institut dans le but de lutter pour cette noble cause.
Il n’est sans doute pas nécessaire d’espérer pour entreprendre. Mais il faudra bien révéler la vérité au petit Tony : le peuple britannique a voté, et a rendu un verdict sans appel.
Il n’est sans doute pas nécessaire d’espérer pour entreprendre. Mais il faudra bien révéler la vérité au petit Tony : le peuple britannique a voté, et a rendu un verdict sans appel. Tous ceux qui ont manifesté, au lendemain du référendum, pour inverser son résultat – et parmi eux des expatriés français, qui se croyaient sans doute légitimes pour décider du sort du pays qui les a accueillis – ont bien dû se rendre à l’évidence : cela n’a rien changé. Pas plus que les manœuvres juridiques de retardement tentées ici ou là.
Au point que Theresa May – originellement opposée au Brexit, et devenue une ardente avocate de celui-ci – a réussi à faire voter les honorables parlementaires en ce sens, alors même qu’une large part d’entre eux étaient vivement opposés à cette sortie…
Mais M. Blair n’en a cure. Dans son intervention relayée en direct et intégralement sur la BBC, il a martelé : « nous devons montrer quelles seront les conséquences de cette décision, fondée sur un manque de connaissances ». Que les électeurs qui ne votent pas correctement soient des andouilles, à tout le moins des analphabètes politiques, voilà un argument qui n’a pas le mérite de l’originalité : il a été usé jusqu’à la corde sur le Continent. On se souvient des cris d’orfraie qui avaient suivi les référendums français et néerlandais en 2005. Depuis, il n’est pas un pays interrogé d’une manière ou d’une autre sur l’UE, qui réponde autre chose que Non (Grèce, Danemark, Pays-Bas…)
Antony Blair a une longue expérience des victoires politiques. Il fut, entre 2007 et 2015 le coordinateur du Quartet, cette entité diplomatique qui devait régler le conflit israélo-palestinien. Avec le succès que l’on sait. Quelques années plus tôt, il avait entrainé son pays dans la guerre d’Irak lancée par Washington, en utilisant force « fake news » comme on dit maintenant.
Le crédit et la popularité qu’il y gagna sont légendaires. Ce qui ne l’empêche pas d’accuser désormais son successeur à la tête du Labour d’être « responsable » du vote en faveur du Brexit. M. Blair, lui, ne s’était pas privé de s’engager à fond pour rester dans l’UE.
Le soutien de quelqu’un d’aussi détesté n’a peut-être pas été pour rien dans le choix de la majorité de ses compatriotes. On ne peut donc que se féliciter qu’il s’engage à nouveau pour l’UE. Logiquement, cela pourrait aider à accélérer le processus. Merci, Tony !