En mars 2019, le Royaume-Uni sortira officiellement de l’Union européenne (une échéance qui devrait être suivie d’une période de transition jusqu’à fin 2020). Le premier ministre britannique vient une nouvelle fois de confirmer que le Brexit aura bien lieu. Soit sur la base d’un accord avec l’Union européenne, si les députés britanniques l’approuvent ; soit sans accord, en cas de fronde de ces derniers, a menacé Theresa May.
Après avoir bloqué durant des mois les négociations avec Londres en campant sur des positions intransigeantes, Bruxelles semble désormais prêt à des compromis – y compris en trouvant des techniques pour résoudre la question de la frontière irlandaise. En effet, une sortie « sans accord » nuirait gravement aux multinationales basées sur le Continent.
Malgré d’incroyables pressions et de nombreux coups tordus, Mme May ne s’est jamais départie de son assurance quant à la perspective du Brexit depuis son arrivée à Downing street. Cela ne manque pas de mettre hors d’eux tous les jusqu’au-boutistes qui rêvent encore d’empêcher la sortie prévue. Des responsables politiques (comme encore tout récemment le maire de Londres, un Travailliste ultra-pro-business), et des grands patrons – ainsi que des personnalités étrangères tel le milliardaire George Soros – redoublent d’efforts et de campagnes dispendieuses appelant à un second référendum, espérant – très probablement à tort – qu’il remettrait en cause le résultat du premier.
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre avait déjà décrit les catastrophes qui allaient s’abattre sur le Royaume dans les jours qui suivraient un vote favorable au Brexit, et qui ne sont jamais advenues
Ces campagnes s’appuient sur des tirs de barrage quasi-quotidiens décrivant la rupture des liens avec l’UE comme allant entraîner une véritable apocalypse. Parmi les « experts » qui ne font guère dans la nuance, on compte le gouverneur de la Banque d’Angleterre. Mark Carney a ainsi prophétisé un plongeon de 35% des prix de l’immobilier, un choc économique au moins égal à celui de la crise financière de 2008, un blocage des transports ferroviaires et aériens entre la Grande-Bretagne et le Continent…
L’expertise de M. Carney est au-dessus de tout soupçon : peu avant le référendum de juin 2016, il avait décrit par le menu les catastrophes économiques qui allaient s’abattre sur le Royaume dans les jours qui suivraient un vote favorable au Brexit. Aucune de ces prédictions ne s’est réalisée – mais le gouverneur récidive.
Nul doute que ce dernier, par ailleurs citoyen canadien et donc représentant typique des élites mondialisées, n’est mu que par la défense enthousiaste de l’intérêt national britannique. Un travailleur détaché, en quelque sorte.