Actu

En raison des circonstances dramatiques, Bruxelles interdit la diffusion de poissons d’avril

Berlaymont

L’article ci-dessous, paru le 1er avril, visait à honorer la tradition des poissons. Les lecteurs auront donc bien compris que les faits et citations étaient imaginaires – pour le moment.

Au terme d’un débat de près de deux heures, le 31 mars à la mi-journée, la Commission européenne a décidé d’interdire toute diffusion d’informations qui se révéleraient être un poisson d’avril. Une décision qui ne concerne que cette année.

Celle-ci a été prise au cours d’une vidéoconférence qui n’était pas inscrite à l’agenda de la Commission. D’après plusieurs sources à Bruxelles, l’initiative a été imaginée au dernier moment, dans le climat très exceptionnel marqué par l’épidémie de coronavirus.

« Dans un contexte où nos citoyens sont pour la plupart confinés, où des centaines de malades meurent chaque jour, et où le personnel soignant est particulièrement éprouvé, la diffusion de fausses nouvelles, même sous forme de canular traditionnel du 1er avril, serait particulièrement inopportune », a justifié la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Le Commissaire chargé du portefeuille « une économie au service des personnes », le Letton Valdis Dombrovskis, a pour sa part souligné qu’une information inexacte pouvait aggraver encore une situation économique particulièrement inquiétante. Son collègue chargé de la justice, le Belge Didier Reynders, a précisé que les Etats membres sont chargés de faire appliquer ce que certains appellent déjà un « confinement humoristique ».

De son côté, Frans Timmermans, le premier vice-président de la Commission chargé du « Pacte vert », a ajouté qu’il ne serait pas tolérable que les graves questions climatiques soient l’objet de « blagues douteuses ».

De fait, le Conseil des affaires générales – les ambassadeurs des Vingt-sept – réuni en urgence dans la soirée a validé cette décision d’interdiction. Il semble cependant que plusieurs pays aient rechigné, à commencer la par la Pologne et la Hongrie, qui n’ont cependant pas réuni la minorité de blocage nécessaire pour s’opposer à la mesure.

Le premier ministre hongrois a notamment protesté contre une « tentative ridicule » qui va à l’encontre d’une « tradition remontant aux origines chrétiennes de notre continent ». Il a annoncé que son pays se tournerait vers la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour tenter de mettre en échec cet acte « contraire aux droits de l’Homme ». Une action en réalité symbolique puisque les délais ne permettent pas à la Cour de se prononcer.

Pour Josep Borrell, cette décision « nous permettra de lutter plus efficacement contre les ‘Fake news’ que la Russie répand chaque jour  »

Enfin, le chef de la politique étrangère de l’UE, le socialiste Josep Borrell, a fait valoir une raison supplémentaire à l’interdiction, cette année, des traditionnels poissons d’avril : « cela nous permettra de lutter plus efficacement contre les ‘Fake news’ que la Russie répand chaque jour pour déstabiliser l’Union européenne ».

L’équipe spécifiquement chargée de traquer les fausses informations concoctées par Moscou a été missionnée pour faire appliquer l’interdiction édictée. A Bruxelles, on indique qu’un Etat membre qui ne ferait pas respecter le bannissement des « poissons d’avril » serait susceptible d’une procédure d’infraction, et encourrait les sanctions prévues dans ce cas.

La Commission a cependant précisé que cette décision ne devrait pas être reconduite pour l’année 2021 – car ce serait alors « un problème pour l’Etat de droit ».

Enfin, pendant la période de transition qui suit la sortie du Royaume-Uni de l’UE, Bruxelles a demandé à Londres d’appliquer également cette restriction. Boris Johnson a immédiatement répondu : « bien entendu, nous nous alignerons ». Le sourire moqueur du premier ministre a été interprété comme l’expression de l’humour britannique – et donc comme un nouveau pied de nez à Bruxelles.

Partager :