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50 députés et eurodéputés plaident pour l’indépendance de l’Écosse… et son retour dans l’UE

Dans une lettre ouverte adressée à Holyrood – le Parlement écossais –, un groupe multipartite de 50 députés et eurodéputés se déclare favorable à l’indépendance de l’Écosse et à l’adhésion « rapide, ordonnée et harmonieuse » de celle-ci à l’UE. Cette initiative intervient alors que le gouvernement écossais a annoncé le 13 mars son intention d’organiser un nouveau référendum pour déterminer si la province devrait suivre le Royaume-Uni dans le Brexit ou bien devenir un pays à part entière, « indépendant dans le cadre de l’UE » (constitutionnalistes et grammairiens se querellent pour savoir ce que cela signifie).

Comme le relate EurActiv, le groupe comprend « des eurodéputés et députés allemands, français, italiens, espagnols, belges, portugais, suédois, grecs, hongrois et maltais ». Les initiateurs en sont Ross Greer, jeune élu (22 ans) au Parlement écossais issu du Parti vert écossais, et l’eurodéputée allemande Terry Reintke, membre de l’Alliance 90/Les Verts.

Parmi les autres signataires, on trouve Reinhard Bütikofer, un autre eurodéputé allemand membre de la même formation, la députée EELV Danielle Auroi et Pascal Durand, cofondateur de ce parti et élu au Parlement européen. Le député grec Syriza Georgos Dimaras soutient également la démarche, de même que Giannis Tsironis, porte-parole du parti grec Verts écologistes et membre du gouvernement d’Alexis Tsipras. Les mouvements écologistes sont les plus chaleureux partisans du processus de régionalisation en Europe, y compris (et peut-être surtout) au prix de la fragmentation des États-nations, notamment par la formation – en cours – d’ « euro-régions ».

« Il y a énormément de bonne volonté à travers le continent envers les aspirations européennes de l’Écosse. L’indépendance est le seul moyen de garantir un avenir européen à l’Écosse. » – Ross Greer, député au Parlement écossais issu du Parti vert de la province

Dans leur lettre, les élus affirment – semble-t-il, sérieusement – que « la démocratie et le respect mutuel sont au cœur du projet européen. Par conséquent, le vote d’une petite majorité en faveur du Brexit nous attriste, mais nous respectons cette décision démocratique des citoyens britanniques. »

Ces précautions prises, ils s’ingèrent ensuite dans les affaires internes du Royaume-Uni en s’adressant directement aux représentants écossais, et donc aux Écossais eux-mêmes : « Nous reconnaissons toutefois que ce n’était pas votre choix et que l’Écosse s’est fermement opposée à une sortie de l’UE […]. Le peuple écossais doit décider à lui seul de la question de l’avenir constitutionnel de l’Écosse et de ses relations avec le Royaume-Uni et l’UE […]. Ce n’est pas à nous de dire quel chemin doit emprunter l’Écosse. »

Les formes sont vaguement préservées mais l’encouragement à l’indépendance est malgré tout manifeste. Au sujet de l’argument selon lequel « l’Écosse aurait voté pour rester dans l’UE », il peut être utile de (re)lire la tribune de l’universitaire irlandais Anthony Coughlan que nous avons publiée récemment.

Ross Greer, le député vert (dans tous les sens du terme) au Parlement écossais a déclaré par ailleurs : « Il y a énormément de bonne volonté à travers le continent envers les aspirations européennes de l’Écosse. L’indépendance est le seul moyen de garantir un avenir européen à l’Écosse ».

On le voit, les adversaires du Brexit – ici les euro-régionalistes verts – vont insister sur la question écossaise pour punir le Royaume-Uni d’avoir choisi de s’émanciper de l’Union européenne et tenter de rendre le processus de sortie le plus douloureux possible. Tout ceci alors que le ministre espagnol des Affaires étrangères a annoncé au début du mois d’avril (sur fond de tensions autour de Gibraltar) que Madrid ne s’opposerait pas à une demande d’adhésion de l’Écosse à l’UE.

Theresa May, qui doit également gérer la crise politique en Irlande du Nord (cf. la dernière édition de Ruptures), aura donc fort à faire pour maintenir l’unité du Royaume-Uni et désamorcer les pièges tendus par les défenseurs rancuniers de la construction européenne.

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