Les Pays-Bas sont toujours sans gouvernement de plein exercice, dix semaines après les élections générales du 15 mars (lire l’analyse complète dans l’édition de Ruptures du 29/03/17). La formation d’une coalition majoritaire est traditionnellement laborieuse dans ce pays.
Cette fois cependant, l’affaire pourrait tourner au casse-tête. Le scrutin avait en effet été marqué par une grande dispersion des voix, avec pour conséquence une chambre éclatée entre de très nombreux groupes politiques. Dès lors, quatre partis au moins sont nécessaires pour constituer une majorité.
Le Parti libéral (VVD) du Premier ministre sortant, Mark Rutte, avait obtenu 21,3% des suffrages contre 26,5% en 2012, perdant ainsi 8 des 41 sièges qu’il détenait précédemment. Le PVV du « populiste » Geert Wilders récoltait, lui, 13,1% soit 3 points de plus qu’il y a cinq ans, passant de 15 à 20 sièges. La presse européenne, prenant comme référence certains sondages qui indiquaient que M. Wilders pourrait arriver en tête, avait cependant parlé de « défaite » de ce dernier. En réalité, il se trouverait désormais en position d’arbitre si toutes les autres formations n’avaient pas refusé – jusqu’à présent en tout cas – de faire alliance avec lui.
Tentatives avortées
Plusieurs tentatives de former une coalition ont échoué. La première avait tenté d’associer les Libéraux, les Chrétiens-démocrates, le parti centriste ex-libertaire et très pro-euopéen D66, ainsi que les Verts. La seconde, qui remplaçait ces derniers par une petite formation protestante rigoriste, n’a pas eu plus de succès.
Pour leur part, les Travaillistes (PvdA, sociaux-démocrates) sont enclins à se refaire une santé dans l’opposition, tant la gifle essuyée le 15 mars avait été cinglante : partenaire minoritaire du VVD dans la coalition gouvernementale sortante, il est dégringolé de 24,9% (et 38 sièges) en 2012 à… 5,7% (et 9 sièges).
Les électeurs avaient manifestement sanctionné sa participation à la politique d’austérité menée ces dernières années – notamment dans la santé – conforme aux exigences européennes. Du reste, le ministre des Finances sortant, le travailliste Jeroen Dijsselbloem, est toujours le chef de l’eurogroupe qui réunit ses collègues des dix-neuf membres de la zone euro. Il s’est systématiquement illustré par des positions très dures, notamment vis-à-vis de la Grèce, à l’instar de son homologue allemand.
Jeroen Dijsselbloem a récemment défrayé la chronique en accusant les Grecs de dépenser tout leur argent dans l’alcool et les femmes…
Il avait même récemment défrayé la chronique en accusant les Grecs de dépenser « tout leur argent dans l’alcool et les femmes », suscitant un certain malaise à Bruxelles, avant de préciser ses propos…
Le 29 mai, il a confié au quotidien néerlandais Financieele Dagblad que son parti avait besoin de se « reconstruire », et que lui-même ne s’imaginait pas un instant « siéger dans un gouvernement de droite ».
Mais s’il ne siège plus au gouvernement de son pays, cet homme de gauche résolu et convaincu devra céder son fauteuil de président de l’eurogroupe. Il pourra toujours se consoler avec l’alcool et les femmes.