Les ministres des Vingt-huit se sont mis d’accord pour interdire les « discours de haine » sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. Les services de Google et YouTube sont également concernés.
Si le texte adopté par les Conseil de l’UE le 23 mai est approuvé par l’europarlement, ces entreprises seront dans l’obligation de bannir les contenus dits agressifs. Officiellement, il s’agit de lutter contre la « radicalisation » conduisant au « terrorisme ». Dans les faits, de nombreux défenseurs des libertés – en l’occurrence de la liberté d’expression – s’inquiètent du champ potentiel des écrits qui pourraient tomber sous le coup de la loi européenne.
Récemment, le Bundestag avait adopté des règles comparables : en Allemagne, Facebook et Twitter sont désormais menacés d’amendes pouvant atteindre 50 millions d’euros si des articles ou commentaires jugés offensants ne sont pas retirés sous vingt-quatre heures. Ces dispositions, proposées par le ministre de la Justice, ont suscité des débats houleux outre-Rhin. D’autant que les firmes en question font valoir les difficultés techniques pour surveiller leurs clients (2 milliards dans le monde pour Facebook).
C’est le danger de censure – et plus particulièrement d’autocensure – qui inquiète
Mais c’est surtout le danger de censure – et plus particulièrement d’autocensure – qui inquiète. Repérer des appels implicites à commettre des attentats est une chose (qui d’ailleurs tombe déjà sous le coup de loi). Mais le Big Brother esquissé à Bruxelles semble avoir un champ d’action beaucoup plus vaste que cela.
On notera du reste que les partis qualifiés d’« extrême-droite » ou de « populistes » sont fréquemment accusés de répandre des « discours de haine ». La « haine » [qui effrayait tant Martin Schulz, comme en témoigne la vidéo en fin d’article], c’était aussi le reproche qui fut adressé aux partisans du Brexit, soit plus de la moitié des électeurs britanniques. Du reste, les manifestations qui ont suivi le verdict de ceux-ci, le 23 juin dernier, comme d’ailleurs celles qui avaient réagi à l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, avaient notamment comme slogan : « plutôt l’amour que la haine ».
Cette très haute pensée politique pourrait peut-être servir de trame à l’étape suivante de la réglementation bruxelloise. On suggère donc que les internautes soient désormais systématiquement tenus d’introduire une note d’amour dans leurs messages. Bruxelles pourrait ainsi avoir, en outre, la satisfaction de promouvoir une typique et si précieuse « valeur européenne ».
La hainième.