La Commission européenne entend mettre fin à la divulgation de ses documents internes, voire confidentiels. Selon le site spécialisé Euractiv, elle devrait présenter pour ce faire, le 30 septembre, une « stratégie anti-fuite ». Hélas pour Bruxelles, ces préparatifs ont déjà… fuité, et mis en alerte les syndicats maison – pourtant peu réputés pour leur attachement à une lutte des classes radicale. Ceux-ci craignent une détérioration des conditions de travail, un risque de harcèlement moral, voire le développement de « pratiques dignes de l’inquisition ».
La responsable des ressources humaines de l’exécutif communautaire a évoqué des sessions de formation, une campagne de communication, ainsi qu’un engagement sous forme de déclaration annuelle. Des « journées de l’éthique » devraient en outre être organisées pour rappeler aux eurofonctionnaires les sanctions qu’ils encourent s’ils révèlent des informations internes à la presse.

Commission Barosso
Cette fébrilité bruxelloise s’explique par les mauvaises surprises que la Commission a subies depuis un an. Ces dernières semaines en particulier ont été révélés les petits secrets de l’ancien Commissaire Neelie Kroes (qui dirigeait discrètement un Fonds aux Bahamas), de même que les rencontres très informelles entre l’ancien président, José Manuel Barroso, et des hauts représentants du monde des affaires et de la finance.
Toujours selon Euractiv, Bruxelles va donc serrer la vis pour s’« assurer que les informations délicates et confidentielles sont correctement protégées, et éviter un dommage politique et de réputation de la Commission ». Ce qui n’empêche pas la même Commission de se présenter comme l’institution « la plus transparente de l’histoire »…
Il est vrai qu’elle-même fait régulièrement « fuiter » des informations pour lancer quelques ballons d’essai, voire pour justifier des propositions qu’elle s’apprête à présenter. Ce fut par exemple le cas lorsque la mise sur la place publique des arrangements – légaux – entre multinationales et fiscs nationaux a servi à justifier de nouvelles réglementations portant sur les jeux d’écritures des premières. Bruxelles entendait ainsi se draper dans le manteau du chevalier blanc.
Mais qu’on se rassure : toutes les fuites vont être désormais pourchassées… sauf celles des capitaux. Car cette dernière catégorie relève de la libre circulation desdits capitaux – un pilier fondateur de l’Union européenne.