Le 18 avril, le Mouvement 5 étoiles (M5S) a dévoilé un programme en dix points portant sur la politique étrangère. Dans le cadre des élections générales qui auront lieu début 2018 en Italie, le parti « anti-système » fondé il y a presque huit ans par l’humoriste Beppe Grillo propose notamment la sortie de l’OTAN, le rejet des traités de libre-échange (comme le TAFTA et le CETA), la remise en question des politiques d’austérité imposées par l’Union européenne, la levée des sanctions contre la Russie, la reconnaissance de l’État palestinien et le retrait du sol italien de toutes les armes nucléaires américaines.
Le M5S, qui est donné favori par les sondages pour l’échéance électorale de l’année prochaine, n’a jamais été aussi proche du pouvoir. La formation hétéroclite – voire folklorique – varie régulièrement dans ses propositions, cultivant parfois l’ambiguïté, notamment sur la question de l’Union européenne, mais le fait qu’elle estime opportun de mettre en avant un programme ouvertement « souverainiste » tend à montrer que cette ligne a le vent en poupe en Italie.
La critique de l’OTAN développée par le M5S semble susciter l’adhésion de nombreux transalpins. L’Alliance atlantique, qualifiée de relique de la guerre froide, y est fustigée pour le bilan catastrophique de ses interventions récentes, notamment en Afghanistan et en Libye.
Le M5S demande par ailleurs une application stricte du droit international (notamment à propos du conflit israélo-palestinien) et le respect de la Charte des Nations unies. Il souhaite aussi que l’Italie se rapproche des BRICS, mettant en avant une politique de détente vis-à-vis de la Russie.
Les Italiens, gagnés par une montée de « populisme », pourraient causer quelques sueurs froides à Bruxelles, à Washington et dans les salles de marchés.
Sur le plan européen, sans aller jusqu’à demander un « Italexit » (une sortie italienne de l’UE), le mouvement de Beppe Grillo plaide en faveur d’un démantèlement de la troïka – Commission européenne, BCE et FMI – qui contraint la Grèce à une austérité sans fin. Le M5S propose une alliance des pays du sud de l’Europe pour en finir avec ces politiques de restriction des dépenses publiques et favoriser une réforme de l’Union européenne (une « autre Europe » de plus…). Un référendum sur la sortie de la zone euro est également prévu.
Malgré les ambiguïtés et les incohérences que l’on peut trouver dans son programme, le M5S connaît un succès indéniable. Celui-ci laisse penser que le rejet de l’UE, de l’euro et de l’OTAN va croissant en Italie.
En ayant accepté récemment des coupes budgétaires d’urgence pour satisfaire Bruxelles, Rome fournit probablement du carburant supplémentaire à la popularité du Mouvement 5 étoiles. Les Italiens, gagnés par une montée de « populisme », pourraient causer quelques sueurs froides à Bruxelles, à Francfort (siège de la BCE), à Washington et dans les salles de marchés – des sphères de pouvoir qui s’entendent généralement assez bien.