Des troupes américaines et britanniques ont mené le premier exercice militaire de grande ampleur sous la bannière de l’OTAN à la frontière entre la Pologne et la Lituanie. Il s’agissait de se préparer à un scénario dans lequel la Russie tenterait de séparer les pays baltes du reste de l’Alliance atlantique.
La frontière en question, longue de 104 km, passe à travers des terres agricoles, des bois et des collines. Cette zone s’appelle le « passage de Suwalki ». Les stratèges de l’OTAN craignent que la Russie n’isole l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie si elle s’en emparait.
Pendant deux jours, des hélicoptères américains et des avions britanniques ont pris part à des manœuvres de protection de la frontière (les intentions sont purement défensives, cela va sans dire). Les opérations ont également impliqué des troupes venues de Pologne, de Lituanie et de Croatie. Au total 1 500 hommes ont participé aux exercices.
Étonnamment, la Russie apprécie peu ces démonstrations de force de l’OTAN non loin de ses frontières, arguant qu’elle n’a aucunement l’intention d’envahir les pays baltes. Moscou affirme par ailleurs que ces exercices ouvertement hostiles à son égard et l’accumulation de troupes et de matériel militaire dans les pays d’Europe de l’Est contribuent justement à accroître les tensions.
Il est vraiment surprenant que Moscou n’accueille pas avec enthousiasme ces sympathiques déploiements à ses portes…
Le lieutenant-général Frederick B. Hodges, qui commande les forces américaines en Europe, a déclaré à Reuters qu’il était crucial que l’Alliance atlantique montre qu’elle était prête (à mettre la pâtée à l’ours russe, faut-il comprendre). Quatre groupements tactiques (battlegroups) réunissant 4 500 soldats sont stationnés en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne. Il est vraiment surprenant que Moscou n’accueille pas avec enthousiasme ces sympathiques déploiements à ses portes…
C’est Varsovie qui a fait pression sur ses partenaires de l’OTAN pour qu’une partie de ces forces servent à sécuriser le passage de Suwalki et à dissuader Moscou de prendre le contrôle de ce point vulnérable dans l’hypothèse d’une guerre.
Des sources au sein des États baltes affirment que Moscou prépare une simulation d’attaque du passage de Suwalki dans le cadre de ses exercices militaires annuels appelées « Zapad » (l’Ouest), qui mobiliseraient 100 000 soldats – d’après le ministre lituanien de la Défense…. mais seulement 13 000 d’après le ministère biélorusse des Affaires étrangères – en septembre sur les territoires russe et biélorusse.
Et tout le monde sait que l’on peut faire confiance aux responsables baltes – a fortiori quand ils sont proches des milieux militaires – pour évaluer à sa juste proportion la « menace russe »…