Martin Schulz a été élu président du Parti social-démocrate allemand (SPD) lors du congrès de ce parti qui s’est déroulé le 19 mars à Berlin. Les délégués l’ont soutenu unanimement. Il avait précédemment été désigné comme porte-drapeau de sa formation pour les élections générales qui se dérouleront outre-Rhin le 24 septembre prochain.
L’ancien président de l’europarlement – qui avait, durant deux mandats, symbolisé dans cette instance la « grande coalition » entre sociaux-démocrates et conservateurs européens – prend ainsi la suite de Sigmar Gabriel (toujours ministre des Affaires étrangères au sein du cabinet d’Angela Merkel) qui ne parvenait pas à faire décoller son parti dans les sondages. Depuis le passage de relais à M. Schulz, les intentions de vote ont grimpé de 20% à 32%, alors que l’actuelle chancelière est créditée de 33% dans la dernière enquête d’opinion.
Certains observateurs parient donc sur une possible victoire du SPD qui battrait Mme Merkel. Il y a peu, celle-ci paraissait pourtant indéboulonnable malgré une popularité très écornée par sa gestion du dossier « réfugiés ». Cependant, beaucoup de facteurs peuvent encore évoluer d’ici l’automne, d’autant que la question de la future coalition reste très ouverte.
« Le SPD est de retour »
Martin Schulz a proclamé sa conviction qu’il serait le prochain chancelier : « le SPD est de retour » a clamé celui qui était récemment encore peu connu sur la scène intérieure allemande, et qui apparaît donc moins mouillé dans la politique mise en œuvre par la « grande coalition » à Berlin.
Le parti a choisi un langage « à gauche toute », non seulement pour tenter d’opérer une percée, mais également pour éviter l’effondrement qu’ont connu plusieurs partis sociaux-démocrates européens. Dernier exemple en date : le Parti travailliste, laminé le 15 mars aux Pays-Bas. Mais du Pasok grec au PSOE espagnol en passant par les Travaillistes irlandais (et, peut-être bientôt le PS français), les déroutes se succèdent pour le Parti socialiste européen (PSE).
M. Schulz a assuré que s’il était élu, il « ne casserait pas du sucre sur le dos de l’Union européenne »
Le SPD affiche donc sa nouvelle priorité : la justice sociale. Et promet ainsi d’améliorer le domaine de l’éducation, de réduire le fossé subsistant entre l’Est et l’Ouest du pays, et plus généralement de faire grimper le niveau de vie des classes populaire et moyenne. Bref, l’antithèse des réformes de l’« agenda 2010 » mis en œuvre par l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder (1998-2005). Ce dernier avait appliqué à marche forcée les réformes libérales que Bruxelles entend imposer aujourd’hui partout dans l’UE (« flexibilité » du marché du travail, baisse des cotisations pour le capital, extension de la précarité…).
Bref, un parti plus que jamais « à gauche »… comme l’a encore illustré son chaleureux soutien exprimé vis-à-vis d’Emmanuel Macron lors de la visite à Berlin de ce dernier, le 16 mars. Sigmar Gabriel s’était alors exclamé : « imaginez, Emmanuel Macron devenant président français, et Martin Schulz chancelier allemand : tout pourrait alors changer ! ».
Pour sa part, M. Schulz avait précédemment assuré que s’il était élu, il « ne casserait pas du sucre sur le dos de l’Union européenne ».
Voilà au moins une promesse sur laquelle on peut lui faire confiance.