Le mouvement antivaccination a le vent en poupe, notamment sur Internet. C’est pourquoi il est bienvenu que Science & pseudo-sciences, la revue de l’Association française pour l’information scientifique (AFIS), contre-attaque de façon à la fois rigoureuse scientifiquement et accessible aux non spécialistes.
Publié dans le numéro 319 de SPS, ce petit dossier est désormais disponible en ligne. Léger dans le ton mais scrupuleux quant au fond, il répond à cinq des principaux arguments antivaccination. Sa lecture est profitable à ceux qui sont farouchement opposés aux vaccins tout comme à ceux qui mesurent déjà les immenses bénéfices (sanitaires) que la pratique a procurés à l’humanité. Les premiers pourront tester la solidité de leurs convictions technophobiques, les seconds affûter leurs arguments pro-vaccination.
Ce travail pédagogique clair et bien documenté a en fait été réalisé par un blogueur québécois, Olivier Bernard, dont le nom de scène numérique est « Le Pharmachien ». Il se présente ainsi sur son site : « Le pharmacien impertinent qui simplifie la science et anéantit la pseudoscience ». Utile et noble programme.
Nous recommandons la lecture de ses publications, ainsi que celles de l’AFIS.
Le camp rationaliste et progressiste (quant à la science et à ses applications) ne pourra pas regagner du terrain sans un vaste programme de reconquête de la confiance, indissociable d’une information scientifique de qualité destinée au grand public.
Un aspect important est néanmoins absent du tour d’horizon sur la vaccination : le rôle déterminant dans le mouvement antivaccination, et plus globalement dans les réflexes technophobes (sur les OGM, le nucléaire, les pesticides, etc.), de la perception – très négative – des industriels et de leurs pratiques, indépendamment des technologies et produits spécifiques qu’ils développent.
Comme nous l’avions signalé dans notre article sur la chaîne YouTube « Zététique et journalisme », « la légitime critique politique des pratiques économiques des industriels se mélange à l’évaluation scientifique des propriétés et effets des technologies qu’ils commercialisent, et dont on leur attribue parfois la paternité à tort, oubliant l’importance – malheureusement décroissante – de la recherche publique. Schématiquement, le “raisonnement” est celui-ci : les OGM sont nocifs car Monsanto est une entreprise malfaisante. »
On observe la même hostilité de principe en ce qui concerne le domaine médical avec une défiance qui passe des laboratoires pharmaceutiques aux technologies auxquelles ils sont associés. Par ailleurs, le rejet d’un type de vaccin fabriqué par tel grand laboratoire se mue fréquemment en rejet général de la vaccination.
Le camp rationaliste et progressiste (quant à la science et à ses applications) ne pourra pas regagner du terrain sans un vaste programme de reconquête de la confiance, indissociable d’une information scientifique de qualité destinée au grand public. Générer de la confiance et de la connaissance passe nécessairement par une (re)montée en puissance de la recherche publique et d’une mise au pas – pour commencer… – de la rapacité économique des acteurs privés, dont l’âpreté au gain a tendance à discréditer la science et les technologies qui pourraient grandement profiter à l’humanité.
Laurent Dauré