En ce qui concerne le Royaume-Uni, 2020 sera l’année où l‘« apocalypse » annoncée fera place, dans les discours publics, au « miracle britannique »
Par Charles-Henri Gallois, responsable national de l’UPR pour l’Économie et auteur de l’ouvrage qui vient de paraître : Les Illusions économiques de l’Union européenne, Fauves éditions
Une certitude : 2020 sera l’année où l’on passera, dans les discours publics et peut-être même dans les médias, de « malgré le Brexit » à « grâce au Brexit » ; et de « l’apocalypse » au « miracle britannique » ! Cette certitude s’impose à observer le fossé qui existe, depuis le référendum de 2016, entre les commentaires catastrophistes d’une part et le parcours économique réel du Royaume-Uni d’autre part.
Tous les pseudo-experts, partisans de l’UE, avaient en effet annoncé une apocalypse si les Britanniques osaient quitter cette dernière, c’est-à-dire choisissaient de se libérer de l’UE. Cette apocalypse devait avoir lieu, paraît-il, dès le lendemain du vote. Le référendum se déroula le 23 juin 2016, et 51,9 % des Britanniques ont voté pour la sortie.
Le lendemain, il n’y eut étonnamment pas d’invasion de sauterelles à Westminster, les nouveaux-nés étaient sains et saufs au Portland Hospital et la Tamise ne s’est pas changée en sang.
Il n’y eut que de très faibles averses vers 13 h le 24 juin 2016, ce qui est un tour de force quand on parle de Londres et du Royaume-Uni.
De toutes les prophéties apocalyptiques, aucune n’a eu lieu
Les pseudo-experts ont ensuite scruté l’activité économique dans l’espoir de déceler le moindre signe d’effondrement. Les impies devaient payer.
Manque de chance, de toutes les prophéties apocalyptiques (exode de la City, effondrement de la livre, affaissement des marchés financiers, récession du PIB, hausse du chômage, débâcle des investissements, explosion de l’inflation et baisse massive des prix de l’immobilier…), aucune n’a eu lieu.
Pis encore, la période a été rythmée par de bonnes nouvelles puisque la production manufacturière a augmenté, les investissements ont continué, le chômage a fortement diminué, les marchés immobiliers et boursiers ont crû, la croissance a continué, et pas même 7 000 emplois ont quitté la City, contre les 75 000 pertes « attendues » avant le référendum. Toutes ces données positives étaient accompagnées dans tous les médias français, et certains médias britanniques pro-UE avec la réserve de rigueur « malgré le Brexit ». Comme s’il était sûr et certain que le Brexit serait une catastrophe, du moins c’est l’idée qu’il fallait transmettre au public pour l’effrayer.
Une pluie de bonnes nouvelles en 2020
Manque de chance pour tous les prophètes d’apocalypse, les bonnes nouvelles continuent de pleuvoir pour le Royaume-Uni en ce début d’année 2020 et à quelques jours de la sortie officielle le 31 janvier.
Le gouvernement britannique a annoncé une hausse spectaculaire du SMIC. Outre que cette décision tord totalement le cou à ceux qui prétendaient que le Brexit serait par essence ultralibéral, le SMIC horaire britannique va désormais dépasser le SMIC français (10,24 euros de l’heure au Royaume-Uni contre 10,15 euros en France) au 1er avril 2020 [1]. Cette hausse du SMIC de 6,2 % représente une hausse de 930 £ (environ 1 090 euros) par an pour un temps plein.
Il faut remonter à 1981 pour voir une telle hausse en France. Pendant ce temps-là, les grandes orientations des politiques économiques (GOPÉ) de la Commission européenne exigent tous les ans à la France de geler le SMIC. La préconisation est d’ailleurs sagement appliquée depuis 2012.
34 milliards de livres supplémentaires pour la santé
L’autre coup dur pour ceux qui parlaient d’un Brexit par essence ultralibéral est l’annonce faite par Boris Johnson d’une dotation supplémentaire de 34 milliards de livres supplémentaires allouée au NHS (National Health Service, équivalent de la branche santé de notre Sécurité sociale) [2].
Sajid Javid, chancelier de l’Échiquier (équivalent de notre ministre des Finances), a brisé une autre illusion européiste. On explique toujours aux Français : « heureusement qu’il y a l’UE pour financer notre agriculture ». C’est vite oublier que la France comme le Royaume-Uni sont des contributeurs nets de l’UE. Cela signifie donc que l’argent versé par l’UE n’est que l’argent des Français et des Britanniques.
Sajid Javid a officialisé le caractère mensonger de cet « argument » en annonçant qu’ils continueront à verser les 3,4 milliards de livres de la PAC après le Brexit [3]. Il y aura autant d’argent qu’avec la PAC, sauf que ce ne sera plus la PAC, ce qui permettra de verser les fonds plus rapidement et de façon plus juste en intégrant des critères tels que la préservation de l’environnement et de la biodiversité plutôt que le critère de taille de l’exploitation de la PAC.
De Facebook à Airbus, le choix du Royaume-Uni
Non seulement il n’y a pas eu d’exode de la City, mais on a appris le 20 janvier que plus de 1 000 banques, gestionnaires d’actifs, société de services de paiements et assureurs vont ouvrir des bureaux dans le Royaume-Uni post-Brexit [4].
Le 21 janvier, Facebook a annoncé qu’il allait engager 1 000 personnes cette année à Londres pour des postes de sécurité et de développement de produits. Et la société américaine va continuer après le Brexit à y développer son plus gros centre d’ingénierie en dehors des États-Unis [5].
Dans la même lignée, Airbus qui avait menacé de quitter le Royaume-Uni avec le Brexit, s’est finalement non seulement engagé à rester mais à développer ses activités outre-Manche [6].
En 2020, la croissance britannique sera supérieure à celle de l’Allemagne et de la France.
Enfin, la nouvelle sans doute la plus importante : le FMI met fin au « projet de la peur », qui consistait pour toutes les institutions officielles à agiter les menaces d’effondrement de l’économie britannique. L’institution annonce que la croissance du Royaume-Uni sera supérieure à celle de la zone euro en 2020 et 2021, soit après la sortie officielle [7]. La zone euro devrait croître de 1,3 % en 2020 et de 1,4 % en 2021 tandis que le Royaume-Uni aurait une croissance de 1,4 % en 2020 et 1,5 % en 2021. Sa croissance serait supérieure à celle de l’Allemagne et de la France.
Une grande claque pour les eurofanatiques qui encaissaient les bonnes nouvelles en alléguant que « de toute façon, cela ne veut rien dire, ils ne sont pas encore sortis ». Ces affirmations étaient, là aussi, d’une mauvaise foi à toute épreuve car les entreprises et les différents acteurs économiques ont déjà intégré le Brexit depuis longtemps. Le moins que l’on puisse dire est que la catastrophe annoncée n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu.
Le chômage disparaît, l’emploi se consolide
Depuis le référendum sur le Brexit, les meilleures nouvelles sont sur le front de l’emploi, et cela est confirmé par le rapport de l’ONS (Office for National Statistics, équivalent britannique de l’INSEE) de janvier 2020 [8]. Le chômage était de 5 % en juin 2016. Il est désormais de 3,8 %, soit le plus bas depuis l’hiver 1974, soit depuis 45 ans.
Le redressement est encore plus spectaculaire pour le taux d’emploi, puisque ce rapport de janvier montre qu’il est passé à 76,3 %, ce qui constitue un record historique. Il était de 74,2 % avant le référendum, soit donc une hausse de 2,1 points. Le plus intéressant étant que les emplois créés depuis le référendum ne sont pas du tout des contrat zéro heure ou du temps partiel mais des contrats à temps plein. Entre juin 2016 et décembre 2019, 1,2 million d’emplois ont été créés alors même que le nombre de contrats à temps partiel a diminué de 19 500. La part d’emploi à temps partiel dans l’emploi total est passée de 36,9 % à 35,1 %.
Prise de conscience
Les faits, les données vont ainsi continuer, mois après mois, en 2020, à donner tort à tous ceux qui juraient que toutes les plaies de la crise et de la récession s’abattraient sur le Royaume-Uni, emporté par le Brexit. Il en sera alors fini des illusions européennes. Espérons que le phénomène ouvre les yeux à nos compatriotes pour qu’ils trouvent la force et le courage de se libérer de l’UE et de l’euro par le Frexit. N’ayons plus peur et cessons d’écouter ceux qui se sont trompés sur à peu près tout depuis 40 ans.
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[7]https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2020/01/20/weo-update-january2020