Une expression a brutalement fait irruption dans la novlangue française : « fake news ». Celle-ci désigne une information délibérément mensongère, voire carrément une histoire volontairement inventée pour déstabiliser les citoyens – en particulier les utilisateurs de réseaux sociaux – et influencer ainsi subliminalement le débat public.
Le concept a été massivement importé de la campagne électorale américaine. Il est désormais entendu, c’est en tout cas ce que nous rappelle sans cesse la presse dominante, que c’est essentiellement à Moscou que se fabriquent et se diffusent ces objets particulièrement dangereux.
Unité spéciale
Une unité spéciale a même été créée au sein des structures de l’Union européenne pour pister et dévoiler ces tentatives perfides ou grossières de « prendre les citoyens en otage ». Et diverses initiatives privées ont également fleuri pour aider les internautes à trier entre vérités indiscutables, et affirmations sans fondement. L’une des plus connues est la création du « Décodex » par nos confrères du Monde, qui guide charitablement les lecteurs pour attirer leur attention sur les supercheries paradoxalement d’autant plus efficaces qu’elles sont invraisemblables.
On regrettera donc la distraction du Décodex et de ses semblables qui n’ont pas dû lire la déclaration finale des chefs d’État et de gouvernement des Vingt-sept publiée samedi 25 mars pour le soixantième anniversaire du traité de Rome. Les dirigeants de l’UE affirment ainsi sans ciller : « nous nous engageons à écouter les préoccupations exprimées par nos citoyens et à y répondre ». Voilà qui répond objectivement en tous points à la définition d’une « fake news ».
Si seulement ce texte historique avait été publié une semaine plus tard, soit le 1er avril, on aurait pu faire preuve d’indulgence. Après tout, ce n’est pas si souvent que le Conseil européen nous fait sourire.