Syriza n’en finit plus de surprendre, à tel point… qu’on n’est plus guère surpris. Au-delà du référendum trahi en 2015 et des nombreuses mesures d’austérité acceptées et appliquées par le gouvernement grec de « gauche radicale », l’équipe d’Alexis Tsipras produit régulièrement des déclarations qui mériteraient davantage d’échos.
Après que le vice-président du Parlement européen et chef de file du groupe Syriza appela à « sauver l’UE de la dissolution », qu’un député et un membre du gouvernement signèrent une lettre ouverte plaidant pour l’indépendance de l’Écosse et le retour de celle-ci dans l’UE (après le Brexit), qu’un ministre proche d’Alexis Tspiras argua en faveur d’un fédéralisme européen, que le Premier ministre lui-même vit en l’élection d’Emmanuel Macron « une inspiration pour la France et l’Europe », c’est au tour du ministre adjoint aux Affaires étrangères de faire une sortie pro-UE, anti-Brexit en l’occurrence.
Comme le rapporte EurActiv, George Katrougalos a affirmé le 8 mai devant la commission des affaires européennes du Parlement grec que les effets de la sortie britannique de l’UE pourraient coûter à Athènes entre 0,4 à 0,8 % de son PIB, soit entre 800 millions et 1,6 milliard d’euros. C’est le secteur du tourisme qui serait le plus touché.
« J’apprécie beaucoup Macron […], nous sommes d’accord sur 80 % des choses dont on parle » – Yanis Varoufakis
M. Katrougalos « prévoit que lorsque le Brexit sera effectif, en 2019, la chute des revenus liés au change de devises étrangères se situera entre 2,29 % et 6,3 % du volume total des revenus venant des touristes britanniques. » Ceux-ci étaient 2,4 millions à avoir visité la Grèce en 2015, dépensant environ 2 milliards d’euros sur place.
Il faut avoir un certain aplomb pour rendre en partie responsable le peuple britannique de (nouvelles) difficultés économiques pour la Grèce quand on participe à un gouvernement qui cède toujours plus aux créanciers d’Athènes (cf. la dernière édition de Ruptures), comprimant sans cesse les dépenses publiques, avec les conséquences économiques, sociales et sanitaires que cela génère.
Quant à Yanis Varoufakis, l’ancien flamboyant ministre des Finances grec reconverti en grande conscience des « gauches de gauche » d’Europe et des États-Unis, il a carrément appelé à voter pour Emmanuel Macron dans une tribune publiée par Le Monde (2 mai 2017). Il est vrai qu’il avait déclaré le 25 septembre 2015 sur BFMTV : « J’apprécie beaucoup Macron et je peux vous dire que dans mes discussions avec lui, nous sommes d’accord sur 80 % des choses dont on parle ».
Deux semaines plus tôt, Yanis Varoufakis était l’invité d’honneur de la Fête de l’Humanité.