Dans une interview accordée au site EurActiv (24 mars), le commissaire européen au Budget, l’Allemand Günther Oettinger, a tenu des propos pour le moins énigmatiques. À la question « Parmi les scénarios présentés dans le livre blanc [sur l’avenir de l’UE] de la Commission, lequel préférez-vous ? », voici la réponse qu’il a donnée :
« Je dirais un mélange entre plus d’Europe, une Europe à plusieurs vitesses et faire moins, mais de manière plus efficace. »
Il faut donc plus d’Europe mais aussi… moins d’Europe. Et tout cela à plusieurs vitesses. Il y a comme un vent de confusion qui souffle sur Bruxelles. Parmi les cinq scénarios différents proposés par la Commission européenne pour l’UE à l’horizon 2025, M. Oettinger en a carrément choisi trois, et pas les plus compatibles.
Autre question issue de la même interview : « Pensez-vous que l’estimation de 60 milliards d’euros à régler par Londres pour la facture du Brexit est correcte ? » Le commissaire européen exécute alors une acrobatie rhétorique : « Nous vérifions encore les comptes. Mais je pense que ce chiffre n’est pas totalement faux. » Il n’est donc pas « totalement vrai » non plus… Mais on peut bien s’asseoir sur la prudence quand il s’agit d’intimider les peuples qui seraient tentés de prendre le large à leur tour.
Et quand on demande à M. Oettinger s’il estime que Jeroen Dijsselbloem – le président de l’Eurogroupe – devrait s’excuser pour ses propos on ne peut plus douteux sur les pays du sud de l’Europe, il se montre évasif : « Ce n’est pas à moi de commenter ses propos. Au-delà de cela, son travail en tant que président de l’Eurogroupe a été remarquable. Nous devons nous concentrer sur ce point-là. » C’est beau, la solidarité.
Nous souhaitons bien du courage à la Commission européenne dans la mission perpétuelle qu’elle s’est assignée : faire (enfin) aimer l’UE. Avec des dirigeants comme MM. Oettinger et Dijsselbloem, la partie n’est pas gagnée.