Actu Analyses

Europe : vers un volte-face au sein des élites dirigeantes allemandes ?…

faz

Nul ne doute que l’Allemagne dispose d’un poids important et joue un rôle prépondérant au sein de l’Union européenne. Nul ne doute non plus que, dans ce pays, le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), l’un des plus grands quotidiens nationaux, reflète souvent fidèlement l’état d’esprit des forces dirigeantes allemandes, notamment des milieux d’affaires.

Dès lors, lorsqu’un éditorialiste influent de ce journal rédige un réquisitoire au vitriol contre l’état actuel de l’UE (30/10/2025), il convient d’y prêter attention, d’autant que le FAZ n’a jusqu’à présent jamais caché son attachement à l’intégration européenne.

Nikolas Busse n’y va pas de main morte. Il affirme d’emblée : « les principaux piliers qui soutiennent la politique étrangère et la vision du monde de l’Europe ont été ébranlés en peu de temps, voire complètement détruits ».

Il cite en exemple la défense, la protection du climat, le libre échange, la mondialisation, le rôle de l’UE dans le monde. Et remet même en cause le fondement idéologique de l’intégration : « autrefois, on pensait que les Européens seraient plus forts s’ils agissaient ensemble ; aujourd’hui, ils se tirent mutuellement vers le bas ». Quel aveu !

L’auteur ne se contente pas de ce constat redoutable. Il ajoute perfidement que « le Premier ministre hongrois est actuellement plus écouté à Washington que la présidente de la Commission européenne ». Et en conclut, amer : « l’Europe n’est pas prise au sérieux dans le monde parce qu’il n’est pas nécessaire de la prendre au sérieux ».

Plus explosif encore, il ébauche une critique des dogmes officiels de ces dernières décennies en affirmant que « le déclin de l’Europe était inévitable ». En effet, note l’analyste, « après les guerres mondiales, les Européens ont perdu leur rôle de leader occidental au profit des États-Unis. L’essor industriel de l’Asie et les énormes transferts d’argent vers les pays producteurs de matières premières du Moyen-Orient, mais aussi vers la Russie, ont ensuite créé de nouveaux centres de pouvoir ».

Les griefs sont aussi actuels : la volonté d’ériger l’UE en « puissance normative capable d’exporter ses valeurs dans le reste du monde (…) s’est souvent retournée contre elle ». Exemples : « la tentative d’imposer la protection des enfants ou du climat à l’échelle mondiale a nui à l’économie européenne. La tentative de défendre le droit d’asile a poussé de nombreuses sociétés européennes aux limites de leurs capacités matérielles et culturelles »…

Toute cette analyse aboutit à une conclusion qui sonne comme un appel : « la solution ne réside pas dans le renforcement de l’UE » ; au contraire, celle-ci « a avant tout besoin d’États membres forts, tant sur le plan économique que militaire ». Et l’on se doute bien que l’auteur ne pense pas ici à Malte ou à la Lituanie, mais plutôt à son propre pays.

… La suite de l’article est réservée aux abonnés

Partager :