Le compte à rebours est enclenché. L’échéance du 9 juillet se rapproche inexorablement. A cette date, Donald Trump devrait annoncer des droits de douane considérables pour de très nombreux produits – notamment – européens exportés vers les Etats-Unis. Ces taxes pourraient atteindre le taux faramineux de 50% dans certains cas.
Bien sûr, avec l’actuel locataire de la Maison Blanche, les surprises ne sont jamais exclues, dans aucun sens : un niveau encore plus punitif ? Un délai de grâce ? Une indulgence inattendue ? Cette dernière hypothèse ne semble pas la plus probable. Dans la dernière période, le président américain a multiplié les déclarations désinvoltes ou sévères vis-à-vis de ses « partenaires » européens. Pourquoi, du reste, se priverait-il de faire monter les enchères ?
Ainsi, lors du sommet de l’OTAN du 25 juin, il a constaté que ses vassaux atlantiques étaient prêts à toutes les concessions pour tenter de s’attirer ses bonnes grâces. Ceux-ci ont presque tous accepté le principe de consacrer 5% de leur PIB à leur budget militaire – un niveau sans précédent. Bref, pour le président Trump, multiplier les pressions est une stratégie gagnante…
Et ce dernier ne s’en est jamais caché : l’imposition de droits de douane est l’une de ses armes favorite. Sans même remonter à son premier mandat, les taxes américaines sur l’aluminium et l’acier ont déjà été portées de 25% à 50%, une hausse spectaculaire qui a pris effet au 4 juin. Lors de son retour à la Maison Blanche, en janvier dernier, il avait déjà taxé à 25% les importations de véhicules fabriqués dans l’UE, et à 10% un large ensemble de produits.
Le 2 avril, il mettait en scène l’annonce des mesures différenciées – mais particulièrement lourdes – touchant la plupart des pays et des zones du monde (photo). Huit jours plus tard, il repoussait de trois mois – jusqu’au 9 juillet, donc – l’entrée en vigueur de cette guerre généralisée, dans une démarche où, selon les analystes, entrait une part de stratégie psychologique et une part d’improvisation.
Il n’en fallait pas plus pour que Bruxelles suspende l’élaboration d’une modeste liste de mesures de rétorsion, qui portait pourtant sur les décisions précédentes déjà entrées en vigueur. Une seconde liste était par ailleurs évoquée le 8 mai, mais elle est toujours dans les limbes. Du côté de la Commission européenne, le mot d’ordre est plus que jamais : conciliation, désescalade, concessions. Au point qu’il est désormais clair qu’un accord avec Washington ne pourra être que « dissymétrique », c’est-à-dire dans l’intérêt d’abord de ce dernier.
Dans ces conditions, Donald Trump se sent encouragé dans la surenchère. Le 23 mai, il lâchait ainsi, sans beaucoup d’égards pour ses propres négociateurs – ces derniers étaient en réalité chargés d’amuser la galerie : « je recommande d’imposer 50 % de droits de douane sur l’UE à compter du 1er juin ». Avant de finalement concéder de repousser l’échéance au fameux 9 juillet. A Bruxelles, on propose un accord de libre-échange sans droits de douane sur les biens industriels et on se déclare prêt à une hausse des achats européens de gaz liquéfié américain et à d’autres concessions.
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