Suite de l’affaire kafkaïenne du « label rouge »…
Plus de trois mois après nous avoir attribué un label erroné (« Média affilié à un État, Russie »), Twitter a finalement réagi* à nos demandes de retrait de celui-ci. Notre deuxième lettre recommandée, envoyée le 1er décembre, est cette fois arrivée à bon port.
Enfin, pas tout à fait, car nous avions écrit à Twitter France et c’est le service international des litiges qui nous a répondu par voie électronique – en anglais évidemment – le 14 décembre, nous signifiant que l’antenne française n’était pas la bonne interlocutrice pour notre requête. C’est à la Twitter International Company, domiciliée en Irlande, qu’il fallait s’adresser. Mais l’expérience kafkaïenne va plus loin.
Malgré cette erreur de destinataire, la firme californienne condescend à nous dire qu’elle a bien pris connaissance de notre courrier et qu’elle a examiné les éléments qui l’ont conduite à nous attribuer le label. Et voici son verdict : « nous vous informons que notre décision reste la même pour le moment ». Le réseau social ajoute : « Si vous avez des informations supplémentaires que vous souhaitez que nous prenions en considération, veuillez les fournir dans les meilleurs délais. »
Il s’agit d’une inversion flagrante de la charge de la preuve. Non seulement Twitter ne communique toujours aucun élément concret pour justifier son action (et pour cause !), mais l’oiseau bleu nous demande en fait de démontrer par nous-mêmes que nous ne sommes pas de mèche avec l’État russe. Il oublie de nous indiquer à quel endroit on peut se faire délivrer un certificat de non-affiliation à Moscou.
Que faire désormais face à cet arbitraire, cette opacité ? Nous allons bien sûr répondre à Twitter que c’est à l’accusateur de prouver ses dires. Mais il nous semble surtout urgent de mobiliser contre le néo-maccarthysme en ligne. La censure politique et la limitation de la liberté d’expression sont en train d’être largement sous-traitées par les autorités à des géants privés du numérique, tous états-uniens (Google/YouTube, Facebook, Twitter). La situation se dégrade rapidement.
Nous comptons organiser prochainement une initiative autour de ce thème.
L’équipe de Ruptures
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*La réponse de Twitter, reçue le 14 décembre :