Cela fait vingt-deux ans que Recep Tayyip Erdogan dirige la Turquie. D’abord comme premier ministre, puis comme président depuis 2014. Le moins qu’on puisse dire est que ce règne ne s’est jamais caractérisé par l’épanouissement de la démocratie ni par le progrès des libertés publiques.
D’emblée, le dirigeant turc, issu du parti AKP (souvent étiqueté « islamo-conservateur ») avait désigné les forces kurdes pro-autonomie comme bête noire. Dans son viseur figurait en particulier le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), désigné comme « terroriste ». Une incrimination à spectre large, qui a souvent permis de poursuivre et d’emprisonner de nombreux sympathisants de la cause, bien au-delà du PKK.
C’est ainsi que plusieurs députés du parti démocratique des peuples (HDP, devenu DEM) croupissent aujourd’hui encore derrière les barreaux. C’est le cas de son leader, Selahattin Demirtas, condamné en 2016 pour sa complicité supposée avec le PKK, ainsi que de son ex-coprésidente. Pourtant, le HDP, certes lié aux territoires et aspirations kurdes, est une formation de centre gauche libérale-écologiste, peu suspecte de menées subversives.
En réalité, le poids de la répression ou des menaces s’exerce sur de nombreux secteurs de la société. Les activités syndicales sont étroitement surveillées. Et le pays a longtemps fait figure de champion du monde quant au nombre de journalistes incarcérés comparé à sa population. De nombreux intellectuels sont également sous pression.
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